ࡱ> :=9 $bjbjVV .2<<?*****>>>8v>.($&V***F**o?+>R0.Ip*. :  Au dbut ce ntait quune douleur sourde au fond de la bouche, du ct droit, au niveau de la molaire du bas. Puis la douleur sest avive enflammant la gencive qui menaait dclater. Cest dailleurs ce quelle fit quelques jours plus tard pour laisser la place une nouvelle dent qui ne cessa de crotre pendant la journe, poussant la molaire pour asseoir son assise. Le lendemain du jour o apparue cette premire dent de sagesse, une seconde se mit son tour percer la gencive, toujours du ct droit mais sur la mchoire suprieure cette fois. Le surlendemain ce fut en bas gauche et le jour suivant gauche sur le dessus. Quatre dents en quatre jours et qui tombrent avec un bel ensemble le cinquime jour. Le sixime jour il en poussa quatre autres parfaitement identiques qui tombrent le soir mme. Le septime jour, Dieu devant se reposer, il ne se passa rien. Le lundi suivant se reproduisit le mme phnomne qui se perptra ainsi semaine aprs semaine. Bien que cet vnement fut en lui-mme trs trange, car jamais de mmoire de dentiste on avait vu ainsi tomber et repousser sans cesse des dents de sagesse avec la prcision dun mtronome, il sy rajoutait une particularit encore plus surprenante qui tait que chacune de ces molaires tait en or massif. Ainsi la bouche de Jules produisait quatre vingt carats dor pur chaque semaine. Une aubaine pensa Jules qui se prcipita chez le joaillier qui lui confirma le bon aloi de ses dents et lui indiqua quil tait dispos en faire lacquisition contre une honnte rtribution. De retour son domicile Jules sinstalla la table de la cuisine, carta dun geste la vaisselle sale, prit une feuille de papier, un crayon et aligna une srie de chiffres quil entreprit de calculer en marmonnant: --Quatre vingt carats par semaine, cinquante deux semaines dans lanne, cent annes dans un sicle cela fait Jules tait un homme raisonnable; soixante quinze ans aux cerises il comprenait bien quil ne puisse vivre au-del dun sicle: Cent ans taient le maximum desprance de vie quil possdait. Inutile donc de faire des calculs au-del de ce laps de temps; seut t fatigue inutile. Pour simplifier encore les calculs Jules ne tint pas compte des annes bissextiles. Lorfvre payait cash, en espces, et, les semaines passant, les billets de cent Euros sentassaient dans larmoire. Jules en perdait le sommeil. Non pas quil craignt les voleurs, cette ide ne leffleura mme pas, mais il avait vcu jusqualors avec peu de besoins, car avec peu de moyens, aussi se proccupait-il beaucoup de savoir comment il allait pouvoir dpenser bon escient tout cet argent. Chaque soir au moment de se mettre au lit il passait en revue les multiples possibilits de dpenser ce magot et cet exercice itratif lui volait le sommeil. Il y rflchit longtemps avant quun beau matin laurore, alors quelle ouvrait ses volets, la mre Thophile aperut le Jules qui se dirigeait dun pas vif en direction de la gare. Le chef de gare confirma par la suite quil prit le train de six heures vingt cinq pour Paris do il sen revint le soir mme par le train de vingt et une heures trente. Deux jours aprs cette escapade, un camion semi-remorque se gara devant la maison de Jules et le chauffeur vint cogner son huis: -- Votre livraison Monsieur Jules! Cest un Jules tout excit qui trottine dans tous les sens entre sa maison et le camion do le livreur sort des caisses de bois qui semblent peser bien lourd. Il dposa ainsi dix caisses sur le plancher de la salle manger qui servait galement de cuisine et de chambre coucher, la maison de Jules ne comportant quune seule pice. Le livreur dposa les dix caisses et fit signer le bon de livraison avant de quitter le domicile de Jules. Quand il fut de nouveau seul, Jules sassit sur une chaise et contempla longuement les caisses tales sur le sol. Il navait pas la moindre ide de la faon dont il allait sy prendre; Le buste bien droit, les mains appuyes sur les cuisses, il parcourait du regard les dix caisses qui gisaient semblables dix cercueils denfants et les lvres de Jules se mirent trembler comme si elles se racontaient des histoires. Il hsita un long moment avant de se dcider dclouer une caisse. Il ta le couvercle avec infinie prcaution et contempla, admiratif, le contenu de la boite en bois puis il y plongea une main fivreuse et en retira un livre dont la reliure en cuir au dos incrust de lettres dor reluisait faiblement dans la pnombre de la pice. Il caressa louvrage, louvrit lentement, le feuilleta et le reposa prestement dans la caisse comme sil avait eu le sentiment davoir commis un sacrilge. Ce soir l Jules se coucha sans manger Il ne fallut pas moins dune semaine de frquentation quotidienne avant quil se dcide vider la caisse de son contenu. Il tala les livres sur le parquet puis entreprit courageusement de vider toutes les caisses. Au soir les piles douvrages luxueusement relis jonchaient le sol de lunique pice de la maison. Une question occupa trs longtemps lesprit de Jules: O ranger tous ces ouvrages? Entre le vaisselier, la table flanque de ses deux chaises, le rfrigrateur, la gazinire et le lit, il ne restait aux murs aucune place pour y fixer des tagres. Jules prit une nouvelle fois le train de six heures vingt cinq pour Paris et revint le soir mme par le train de vingt et une heures trente. Et le temps passa: deux jours, une semaine, un mois. Il fallut attendre deux mois avant que narrivent quatre gros camions qui se rangrent le long du trottoir. Le premier charg de parpaings, le second de planches et de poutres en bois, le troisime de tuiles rouges. Le quatrime tait ventru, stri de bandes jaunes et vertes intercales et son ventre rebondi tournait autour dun axe. On aurait dit une norme toupie. Les Hommes dchargrent les camions dans le jardinet qui jouxtait la maison et le travail commena. En une journe les murs furent difis; il fallut deux jours pour achever la charpente et la toiture et trois journes supplmentaires pour installer aux murs les rayonnages. Alors Jules entreprit de ranger les livres dans sa nouvelle pice quil baptisa: la bibliothque. Le rsultat lui parut conforme ses dsires et il sen trouva fort satisfait. Jules passait le plus clair de son temps dans la bibliothque, caressant les livres avec tendresse, les ventilant, les reniflant il lui arrivait mme assez souvent de leur parler. Il tait aux anges et se prit imaginer srieusement quil pourrait apprendre lire pour mieux se faire aimer de ses livres. Une ombre cependant vint gcher cette joie indicible: La pousse des dents en or pur qui, jusqu prsent, noccasionnait quune gne trs supportable, dclencha soudain une souffrance atroce qui sortit douloureusement Jules de son rve. Il ne pouvait plus fermer la bouche tant la douleur tait vive. Il avala deux aspirines du Rhne, se vtit la hte et se prcipita chez le dentiste qui extirpa les restes dune vieille molaire carie qui avait dclench un abcs quil fallut inciser. Jules retourna chez lui les jambes molles et la mchoire vif. Devant la vitrine de la bijouterie il tourna la tte, pressa le pas, et passa son chemin avec une belle indiffrence.     Lorpailleur Page  PAGE 4 sur  NUMPAGES 4 w r[\i^cxGL}[.踯苂ypgg^hlf5CJ\h5CJ\h^<5CJ\hjf5CJ\hd5CJ\h-65CJ\hB}5CJ\hVl5CJ\hd 5CJ\h]65CJ\h]6h]65CJ\h5CJ\hB5CJ\h(;5CJ\hu.5CJ\h^P5CJ\h^Ph^P5>*CJ(\!w x . / 8 9 x y  !rs}$a$}~+,}~{|45hi ""D#gdCZ.[{z{O34 "~""#B#C#D#$Ӹypg^UgLhvY5CJ\h*D5CJ\h@tZ5CJ\hi5CJ\hRKU5CJ\hP5CJ\h5CJ\hlg5CJ\hhY5CJ\hCZ5CJ\h^P5CJ\hcV&5CJ\hpw5CJ\h-5CJ\hP5CJ\h&v5CJ\h5CJ\h!5CJ\h75CJ\h5CJ\D#E#$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$a$$a$gdCZ$C$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$úh%5CJ\mHnHujh^P5CJU\h^P5CJ\h^Ph^P5CJ \hCtjhCtUh@|5CJ\hCZ5CJ\hA5CJ\h>fD5CJ\ ,1h. 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